Après le décès de notre collègue du lycée Jean Moulin de Béziers, organisons jeudi 20 octobre une commémoration dans tous les établissements de France
par
popularité : 1%
Notre collègue, Lise, 44 ans, enseignante au lycée Jean Moulin de Béziers, est morte vendredi après-midi après s’être immolée par le feu la veille dans la cour de son lycée. Au moment de craquer une allumette devant ses élèves, elle leur a dit : « C’est pour vous que je le fais ».
« Cet acte symbolique nous interroge tous », ont déclaré les 280 professeurs de l’établissement dans un communiqué. « Son geste appelle à la solidarité de l’ensemble des personnels et témoigne de notre difficulté à accomplir notre mission. Nous attendons donc l’engagement responsable de nos autorités. Nous pensons très fort à Lise », disent-ils.
La fédération SUD éducation adresse tout d’abord ses condoléances aux proches et à la famille de notre collègue. Elle exprime sa solidarité aux personnels et aux élèves de l’établissement et de la ville profondément marqué-e-s par ce drame.
La fédération SUD éducation ne tolère pas les propos du ministre Luc Chatel sur la fragilité psychologique de notre collègue.
Lorsqu’un drame de cette nature survient, c’est toujours vers la vie personnelle des intéressé-e-s que se tourne le regard des patrons (à Orange, chez Renault, à la SNCF, ...). Comme l’indique le Parquet de Béziers, le choix qu’elle a fait et le lieu de son suicide montrent bien une réelle souffrance liée à l’exercice de son métier.
Son acte est symboliquement très fort et doit interpeller nos responsables sur les souffrances au travail de toute une profession. Il n’est pas possible de traiter cet acte comme un simple fait divers. C’est fermer les yeux sur les risques psycho-sociaux qui affectent aujourd’hui des salarié-e-s de l’Éducation nationale de plus en plus nombreux/ses. Cet événement suscite une forte émotion dans tous les établissements, écoles et services. Si ce drame reçoit une large couverture médiatique, il n’est malheureusement pas isolé.
La souffrance au travail est grande, elle est largement répandue dans l’Éducation Nationale qui subit de plein fouet les conséquences des politiques libérales. Les personnels du service public d’éducation sont confrontés à la pression croissante de la hiérarchie, à la dégradation des conditions de travail, aux détériorations successives du système éducatif, à une destruction programmée de nos métiers avec la suppression de la formation initiale et continue des enseignant-e-s. L’absence d’une médecine du Travail digne de ce nom au sein de notre secteur professionnel est également aujourd’hui une cruelle réalité.
Les personnels du lycée Jean Moulin organisent lundi à Béziers un moment de recueillement devant le Lycée ; une marche blanche mardi à Béziers ; une marche blanche mercredi à Montpellier. Ils appellent à organiser jeudi 20 octobre à 10h00 une commémoration de ce drame dans tous les établissements de France, avec des débrayages de 10h00 à 11h00. Ils souhaitent une mobilisation générale pour que la souffrance au travail cesse et que de tels drames ne se renouvellent plus.
La fédération SUD éducation relaie et soutient cet appel des collègues de Lise à organiser jeudi 20 octobre une commémoration de ce drame dans tous les établissements de France. Il nous est impossible de rester silencieux face à l’irréparable.
Nous invitons les collègues à se réunir avant jeudi dans les établissements, les écoles et les services pour déterminer ensemble sous quelle forme organiser cette commémoration (affichage d’inscriptions sur les portails, rassemblement dans la cour pendant la récréation, lecture d’un texte, signature collective et envoi d’une lettre de solidarité aux collègues du Lycée Jean Moulin de Bézier1, courrier au Ministère, débrayages…)
Nous rejoignons la demande déjà exprimée d’ouverture d’une enquête administrative sur place. Contrairement à ce que voudrait nous faire croire notre hiérarchie, qui tente de la réduire à une succession de drames individuels, la souffrance au travail est une problématique collective, liée aux conditions de travail. Elle appelle une réponse collective.
Commentaires