Arrestations de sans-papiers à Paris : la politique de répression de la misère continue

vendredi 15 février 2008
par  sudeducationalsace
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Opération policière musclée dans un foyer de travailleurs à Paris
CATHERINE COROLLER
Libération : mercredi 13 février 2008

"Plus de cent personnes interpellées, et vingt-neuf portes défoncées. L’opération menée hier par la police dans un foyer de travailleurs du XIIIe arrondissement de Paris a été plutôt musclée. Dès 4 heures du matin, raconte Françoise Haas, habitante du quartier et militante du Réseau éducation sans frontières (RESF), un large périmètre autour du foyer est bouclé : « Il y avait rue Albert trois autobus aux vitres givrées, plus des estafettes. »A 6 h 45, l’assaut est donné. « Nous avons vu sortir des policiers qui escortaient deux personnes avec les menottes "en laisse". D’autres policiers repartaient du foyer avec des béliers qui avaient servi à ouvrir (ou plutôt à défoncer) les portes, ainsi que des échelles. »

Prétexte. Selon le parquet, cette opération de police fait suite à une enquête des Renseignements généraux. Dans un communiqué, la préfecture de police parle d’une « intervention dans un foyer hébergeant des travailleurs dans des conditions contraires à la dignité humaine ». « L’intervention dans ce foyer s’inscrit plus largement dans les missions et le plan d’action de la préfecture de police en matière d’habitat indigne, dangereux et insalubre », poursuit-elle.

En début d’après-midi, les défenseurs des sans-papiers ont organisé une manifestation de protestation. Pour Catherine Gégout, conseillère communiste de Paris, les motifs invoqués par le parquet pour justifier l’intervention ne sont qu’un prétexte. La mairie du XIIIe affirme d’ailleurs que le foyer est certes vétuste, et mériterait un coup de peinture, mais qu’il n’est en aucun cas insalubre. « Il s’agit plutôt d’une manière de plus de pratiquer la chasse aux sans-papiers, cette fois en allant les rafler dans leur lit », accuse l’élue communiste.

Cette opération a pris tout le monde par surprise. Les résidents du foyer, évidemment, mais également la mairie du XIIIe arrondissement et l’association gestionnaire du lieu. « On a été prévenus vers 9 heures quand notre responsable d’hébergement est arrivé au foyer et qu’il nous a appelés », affirme Hassan Abrach, directeur opérationnel Ile-de-France de l’Aftam (Association d’aide et d’accompagnement pour l’hébergement, l’insertion sociale et l’accueil médico-social des travailleurs migrants), qui gère plusieurs établissements de ce type. Pour lui, les lieux ne sont ni « indignes », ni « insalubres ». De ce qui se passe à l’intérieur de l’établissement, en revanche, il dit ne pas être informé. « Nous, on loue des chambres à des personnes en situation régulière », affirme-t-il. Ces dernières les sous-louent-elles à d’autres personnes ? « Lorsque nous avons repris cet établissement en janvier 2007, il y avait 157 occupants réguliers et 165 autres », précise-t-il. Les résidents viennent essentiellement du Mali, quelques-uns du Sénégal. Et depuis ? « On sait qu’il y a 20 000 suroccupants sur l’ensemble de la région Ile-de-France », répond indirectement Hassan Abrach.

Argent. Après le passage de la police, Françoise Haas s’est rendue dans le foyer. Selon elle, « il n’y avait plus une porte entière ». Les policiers auraient saisi les papiers personnels des étrangers ainsi que l’argent trouvé dans leurs affaires. Les résidents interpellés auraient été emmenés dans différents commissariats parisiens."


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