LYCÉES PROS : Audit, vous avez dit audit ?

jeudi 20 septembre 2007
par  sudeducationalsace
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Un audit des lycées professionnels a été publié en décembre 2006 pour « améliorer l’insertion professionnelle des jeunes ». Pourquoi pas, s’il avait été effectué par un organisme indépendant qui avait fait l’état des lieux en vue d’ouvrir une discussion avec le corps enseignant dans l’intérêt des élèves. Au lieu de cela, cet audit a été réalisé par l’Inspection Générale des Finances, les autres partenaires étant IGAEN et IGEN… trouvez l’erreur !

L’analyse et les propositions de cet audit s’inscrivent dans une logique d’économie de moyens, comme dans les entreprises privées (rationalisation, indicateurs de performances, norme ISO…). La liste est longue des gains réalisés sur les Equivalents Temps Pleins : moins 4000 ETP par ci, moins 3400 par là… Il complète ainsi le décret sur les lycées et collèges appliqué à la rentrée 2007 et va dans le sens d’une dégradation des conditions de travail. Cet audit conseille en outre de développer l’autonomie des établissements en attribuant leurs moyens en fonction du nombre d’élèves, des objectifs et des résultats : « il faut développer la culture de l’évaluation interne, externe ». Vive la concurrence et le contrôle permanent pour justifier les baisses de moyens !

« L’efficacité pédagogique des dédoublements n’étant pas prouvée », cet audit propose aux académies volontaires de réorienter, dès la rentrée 2007, les moyens consacrés au dédoublement en faveur du soutien personnalisé. On ne peut qu’être favorable au soutien, mais pas à la place des dédoublements. Dans le même ordre d’idée, il faut remplir les classes au maximum en limitant les sections en demi-groupe, en accueillant jusqu’à 35 élèves dans certaines sections et en rendant exceptionnels les redoublements : 20 à 25% d’élèves en plus pourraient ainsi être accueillis, et 10 à 13% des enseignants pourraient être redéployés. Faites du chiffre, pas de la qualité ! Quel mépris des enseignants qui, depuis de nombreuses années, s’adaptent à des publics de plus en plus difficiles en modifiant leur pédagogie pour travailler en groupe. Le rapport conseille d’augmenter la flexibilité des enseignants pour plus d’économie et propose quelques mesures :

- Diminuer le nombre de spécialités pour offrir une formation plus généraliste et laisser la formation spécifique aux entreprises. Là, le ministère craint de faire passer l’enseignement professionnel sous le contrôle de grands groupes professionnels déjà très puissants. On ne peut que se joindre à ces inquiétudes.

- Développer la bivalence des professeurs de l’enseignement technologique et professionnel

- Fondre en un seul diplôme le CAPET et le CAPLP pour les disciplines technologiques et professionnelles.

- Créer de nouvelles obligations de services PLP en collèges et lycées technologiques, même en cours d’année. Superprof arrive ! Jusqu’à trois matières enseignées à lui tout seul dans presque tous les types d’établissements grâce aux mentions complémentaires. Pour lui tout est possible… s’il ne se soucie pas de la qualité de son enseignement !

- Avoir plus souvent recours aux contractuels pour les remplacements. Encore une fois non aux emplois précaires et création d’un réel corps de remplaçants.

- Améliorer l’utilisation du potentiel d’enseignement tout au long de l’année : 6% du potentiel est inutilisé pendant les périodes de stages des élèves, 15% du potentiel n’est pas face aux élèves (décharges, TZR, sous-services). En clair, il faut annualiser les services et supprimer toutes ces situations particulières où les enseignants « se la coulent douce ».

Le rapport illustre ses propositions en s’appuyant, lorsque cela l’arrange et notamment en ce qui concerne la réforme des statuts, sur l’organisation des enseignements des pays voisins (Suède, Espagne, Angleterre) ainsi que sur les pays de l’OCDE. Pourquoi ne pas s’appuyer sur les pays de l’ALENA pendant qu’ils y sont ? Il est clair que l’enseignement professionnel coûte trop cher et qu’il faut par tous les moyens réduire les dépenses de fonctionnement au mépris de la qualité. Face à de telles propositions, il faut engager des discussions dans chaque établissement pour réagir à temps dès que ces mesures y seront annoncées. Une fois encore, cet audit nous prouve que l’école tend bel et bien à devenir une marchandise.

Sud éducation Mayenne

ARTICLE PUBLIÉ DANS LE JOURNAL FÉDÉRAL DE SUD EDUCATION, SEPTEMBRE 2007.


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