AED et précarisation générale des statuts

Pourquoi soutenir la grève des AED ?
mercredi 24 mars 2021
par  sudeducationalsace
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Cette semaine, du lundi 22 au vendredi 26 mars, les AED sont mobilisé-es pour améliorer leurs conditions de travail, leur statut et leurs salaires. Pour Sud éducation Alsace il est indispensable de soutenir cette lutte contre la précarité et la précarisation des statuts.

Outre l’empathie pour des travailleurs et travailleuses essentiel-les à la vie de l’établissement, les enseignant-es ont intérêt à soutenir la lutte des AED, car le précariat auquel ces dernier-es sont assujetti-es est le modèle que le ministre Blanquer veut imposer. Il se donne pour mission de fragiliser le statut de tous les personnels de l’éducation en généralisant l’insécurité de l’emploi et le renforcement du pouvoir des chef-fes. Les deux vont de pair : la peur de la perte d’emploi est la condition de la soumission au chef.

Le ministre Blanquer est un grand falsificateur : sous ses airs de bureaucrate guindé et classique, empruntant au vocabulaire de la 3e République (« défense de l’égalité des chances, combattre la difficulté scolaire, retour aux fondamentaux », etc.), il a pour objectif de réaliser, de façon autoritaire, le programme néolibéral du new public management : renforcer la hiérarchie, supprimer la garantie d’emploi, évaluer en permanence sur la base de contrats d’objectifs, mettre les établissements scolaires et les personnels en concurrence. Il a reconnu devant l’assemblée vouloir faire « une révolution des ressources humaines. »

Pour s’en persuader, il suffit de mettre en relation un faisceau d’événements :

1- Malgré les déclarations du ministre, le rattrapage salarial des enseignant-es ne vient pas après près de vingt ans de gel du point d’indice. Le Grenelle de l’éducation n’a formulé que des voeux pieux. Le texte de loi qui vise à revaloriser exclusivement le début de carrière est une aumône faite aux débutant-es et une gifle assénée aux ancien-nes. En cela, il entérine les inégalités salariales dans l’éducation, car tous les personnels ne sont pas concernés (AED, AESH, administratifs,...). Par ailleurs, en refusant d’augmenter les salaires, cela lui permet de couper l’herbe sous le pied aux mobilisations contre sa politique délétère. M. Blanquer refuse tellement l’idée qu’il préfère rendre à Bercy 200 millions alloués à l’Education nationale, en pleine crise sanitaire.

2- Ce ministre a été un des principaux fers de lance médiatiques en faveur de la réforme des retraites, alors que les enseignant.e.s, aux primes dérisoires, verront leurs pensions très sévèrement affectées.

3- Il ferme des postes dans le 2d degré, tandis que les effectifs d’élèves croissent, et il augmente le nombre d’heures supplémentaires.

4- En Gironde, des professeurs des écoles en classe de grande section vont devoir réussir un entretien d’embauche, sous peine de perdre leur poste. C’est inédit : la création de postes à profil va entraîner des mutations forcées.

5- une loi très récente confère un statut de supérieur hiérarchique aux directeurs/directrices d’école. Là où les personnels demandent unanimement des moyens, Blanquer répond par plus de hiérarchie.

6- M. Blanquer a longtemps été membre de l’officine néolibérale Institut Montaigne. Il lui reste très lié par ses relations.

La stratégie de Blanquer se dessine clairement : il veut supprimer la garantie d’emploi des enseignant-es, rompre l’égalité de leurs statuts en multipliant les échelons décisionnels et renforcer le pouvoir des « manageurs » et « pilotes » de l’éducation. Son programme :

1- il réduit le traitement de base des enseignant-es à un fixe que l’inflation fait tendre vers le SMIC.

2- il achète l’acceptation par une partie des enseignants de la perte de la garantie d’emploi en échange de l’attribution massive de primes dérisoires. La méthode est éprouvée : les agents EDF et France Télécom ont naguère abandonné leur statut protecteur contre des actions de leur entreprise nouvellement privatisée.

3- il fait dépendre l’attribution des primes à la soumission de l’enseignant-e à son chef. Ce que Blanquer appelle « le projet d’établissement ».

4- il donne pouvoir aux chefs d’établissement, incluant les nouveaux directeurs d’école, de créer des postes à profil. Cela revient à leur conférer pouvoir de recrutement et d’éviction.

5- il fait dépendre les dotations d’un établissement au « projet » de son chef (voir synthèse du Grenelle de l’éducation : https://www.education.gouv.fr/grenelle-de-l-education-synthese-d-atelier-autonomie-et-deconcentration-309050)
Les inégalités entre établissements, donc entre les élèves, seront accrues.

Pour résumer, soit tu te soumets au chef, soit tu seras muté-e sur un poste non choisi pour un traitement de misère et une pension dérisoire.
Le néolibéralisme n’est pas une doctrine efficiente économiquement. Quarante ans de crise du capitalisme le prouvent. Son objectif est d’abord politique : contrôler par la peur et l’appât du gain. Ce qu’il lui faut dissoudre, c’est l’éthique professionnelle : le doctrinaire néolibéral ne la comprend pas et elle présente à ses yeux l’inconvénient d’échapper à la logique de concurrence des désirs et de conflit des angoisses, au cœur de sa vision de l’être humain.

Aujourd’hui, se mobiliser pour les AED, ce n’est pas seulement témoigner sa solidarité avec des femmes et des hommes collègues avec qui nous travaillons chaque jour et qui sont indispensables au bon fonctionnement des établissements. C’est aussi montrer que nous n’acceptons pas ces conditions de travail et d’emploi. Le statut des AED, tout comme celui des AESH, et dans lesquels on trouve majoritairement des femmes, est le laboratoire de la précarité à l’Education nationale. Cassons les éprouvettes du ministre Blanquer !

SUD éducation Alsace appelle les autres personnels à informer les AED du mouvement en cours, à les inciter à rejoindre les collectifs constitués, à soutenir les revendications et les mobilisations des assistant-e-s d’éducation par la mise en place de caisses de grève dans les établissements et toute autre action décidée localement (grève, motion de soutien, courriers au ministère…) et à ne surtout pas remplacer les collègues AED dans leur fonction lorsqu’ils sont grévistes. Notre éthique professionnelle ne doit pas entraver la lutte des personnels.

SUD éducation revendique pour les assistant-e-s d’éducation :

  • la titularisation sans condition de tous les personnels assistant-e-s d’éducation qui le souhaitent par la création d’un statut d’éducateur-trice scolaire ;
  • l’augmentation des salaires et la baisse du temps de travail ;
  • la suppression du forfait nuit en internat ;
  • l’obtention de la prime REP/REP+ pour tous les personnels travaillant en éducation prioritaire ;
  • le recrutement massif de personnels AED et la fin du recrutement par les chef-fe-s d’établissement : pour un recrutement académique ;
  • l’accès à une formation initiale et continue et l’augmentation du crédit d’heure pour formation ;
  • du matériel de protection fourni par l’employeur et le versement de la prime Covid ;
  • un salaire à 1700€ net/mois.

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