Texte d’orientation syndicale issu du congrès de Sud éducation Alsace du 20 décembre 2018

jeudi 25 avril 2019
par  sudeducationalsace
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Quel sud éducation Alsace après 2018 ?

Dans ces temps où la défiance et la méfiance à l’égard de tout ce qui est politique mais aussi syndical est à son comble, où des mesures liberticides ont été prises suite aux attentats de l’année 2015 pour s’en prendre à toute forme d’expression, de revendications et de luttes sociales, il nous semble essentiel de rappeler ce qu’est le syndicalisme de lutte et ses liens avec les luttes émergentes.

Qu’est-ce que le syndicalisme de lutte ?

Le syndicalisme de lutte que nous revendiquons s’inscrit dans le courant syndicaliste révolutionnaire et poursuit un double objectif : d’une part défendre les intérêts immédiats des travailleurs-euses par l’action directe, en toute indépendance des organisations politiques, aux moyens notamment de la grève, du blocage ou de la désobéissance, de l’occupation ; d’autre part construire une autre société, débarrassée des rapports de domination, basée sur l’autogestion, la réappropriation des moyens de production et des services publics et la démocratie directe.
Sud éducation maintient donc sa volonté de ne pas syndiquer la hiérarchie quel soit le domaine d’activités (proviseurs, gestionnaires, inspecteurs....) afin de préserver notre indépendance et de poursuivre notre lutte contre des rapports de domination .

• Les luttes syndicales, dans l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche

L’éclatement des lieux de travail et des bastions salariés, l’augmentation de la précarité et du chômage, la répression syndicale accrue rendent, c’est vrai, plus difficile l’implantation syndicale. De ce fait, nous sommes sur la défensive. Nous défendons les retraites, la sécu, le statut, l’école… mais peinons à incarner un syndicalisme de luttes.

1- Pour être crédibles nous devons avant tout nous renforcer dans notre secteur professionnel.

Nous avons besoin d’adhérentes et d’adhérents pour relayer les informations du syndicat, soutenir son développement et le poursuivre. C’est pourquoi nous faisons de notre développement numérique significatif une de nos priorités.

- Renforcer notre implantation

Nous allons devoir porter nos propres revendications avec l’aide de nos adhérent-es, de nos sympathisant-e-s en organisant des HMI , des stages , des RDV ….. au sein de nos établissements, grâce à notre présence dans ces derniers.
C’est ensemble que nous pouvons reconquérir le terrain et ne pas laisser s’ancrer ces syndicalistes réformistes ou réactionnaires.

Cette hausse sera possible grâce à la poursuite du travail de terrain des militant-es du syndicat auprès de leurs collègues mais également par un travail dans les secteurs professionnels
(administratifs, AED, AP, AVS) dans lesquels nous sommes peu présent-es. Le développement numérique du nombre d’adhérent-es doit s’accompagner de la poursuite du travail de construction d’un réseau de sympathisant-es.

- Communiquer pour faire-savoir

L’employeur ne peut pas toujours conserver sa posture interne sur la place publique. Il en va de même avec les intersyndicales. Ce sont autant de raisons de diffuser nos luttes et nos revendications via le recours et l’instrumentalisation de la communication publique et à destination des personnels (tracts, communiqués, journaux, listes de diffusion sur les messageries professionnelles, sites, publications…).

2- Nos moyens de lutte et de mobilisation pour la défense et l’amélioration des conditions de travail

Nous devons également diffuser plus largement notre travail syndical sur les conditions de travail , souvent méconnu de nos collègues , outils indispensables (RSST, CHS, visite médicale....) et nécessaire pour donner confiance aux personnels.

La multiplicité des attaques de l’employeur impose de penser et repenser nos pratiques syndicales internes et envers les personnels. Engager systématiquement le passage de l’individuel au collectif à travers la communication, les pratiques d’enquête-action, l’investissement dans Solidaires (formations, commissions…), la formation locale et fédérale, s’impose à nous, tout comme définir des actions concertées et des campagnes fédérales. Cela doit permettre de remobiliser les personnels autour des conditions de travail pour les amener progressivement vers la grève construite à partir de leur réalité de terrain.

- Les pratiques d’enquête-action

Nous nous fixons l’objectif de développer l’autogestion dans le champ des conditions de travail. Pour ce faire, (re)créer des espaces collectifs de discussion permet aux personnels de construire les luttes. Ils et elles doivent être en mesure, avec l’action du syndicat, d’analyser leurs conditions de travail pour se mettre en action. Expert-e-s de leur travail, ce sont les plus à même d’en pointer les dysfonctionnements. L’action syndicale doit alors être repensée pour permettre aux personnels de s’emparer de leur pouvoir d’agir. L’enjeu consiste à interroger le travail avec les personnels, à le mettre en mots sans plaquer d’analyse pré-établie, tout en construisant les luttes avec les personnels en partageant avec eux nos orientations.

- Former les travailleurs-euses et développer le militantisme

Dans un contexte de désyndicalisation massive sur nos lieux de travail, la formation de militant-e-s de terrain au fait des débats, enjeux et outils, est plus que jamais nécessaire pour permettre une diffusion de nos orientations et engager les luttes. Notre formation militante doit se nourrir des formations Solidaires et fédérales autant que des formations locales où le terrain aide à repenser constamment nos pratiques.

La formation locale à destination des personnels leur permet de s’emparer de leur pouvoir d’agir, de connaître leurs droits et de partager nos orientations et analyses. Elle vise une réappropriation des espaces collectifs où mettre le travail et les conditions de travail en débat. Cette formation locale peut être ouverte ou interne afin de favoriser l’investissement collectif.

- Le travail en intersyndicale et ses limites

Nous devons notamment continuer à privilégier (rechercher ?) l’unité d’action (action collective ?), car c’est un moyen indispensable pour construire un cadre de remobilisation des personnels et gagner sur nos revendications. Elle doit continuer à s’effectuer en portant nos propres revendications auprès des personnels et dans les intersyndicales lorsque que nous le jugeons pertinent ; elle n’empêche pas de prendre des initiatives propres. Nous devons, chaque fois que c’est possible, combiner les différentes formes d’unité des personnels en privilégiant tout ce qui peut accroître le rôle des AG de personnels associant les syndicats qui sont parties prenantes de la lutte.
Nous butons fréquemment sur la difficulté à mettre en œuvre des stratégies intersyndicales. Échanger constamment avec les personnels pour rendre visibles leurs attentes et leurs revendications sur le plan individuel et collectif est un moyen d’amener les autres organisations à s’impliquer davantage. Questionner l’intersyndicale, rompre avec celle-ci si besoin, et agir seul-e-s peux s’avérer nécessaire. Maintenir l’échange avec les personnels, décider collectivement en Assemblée Générale de personnels des revendications à porter auprès de l’employeur et à communiquer publiquement sont alors des leviers primordiaux.

3- La lutte pour des pédagogies émancipatrices

SUD Education Alsace prône enfin la lutte pour des pédagogies émancipatrices au profit des élèves. Notre vision de l’éducation est émancipatrice car nous refusons une vision de l’éducation ne poursuivons pour seul objectif l’employabilité des élèves. Nous refusons de faire des élèves de la chair à patrons et défendons la mise en place de pédagogies coopératives, critiques et émancipatrices.

4- Un syndicat ouvert à toutes et tous.

Peser réellement dans les luttes, cela passe par un développement des adhérent-e-s, pour que les combats que nous menons le soient le plus largement et le plus fortement possible. Cela veut dire admettre que notre syndicat puisse être hétérogène, que des niveaux d’implication divers s’y côtoient et qu’un certain volontarisme doit permettre de se développer.

En parallèle de cette croissance, notre syndicat doit continuer de permettre à chaque adhérente et chaque adhérent qui le souhaitent de s’investir dans le syndicat. Cela passe par fournir à toutes et tous les outils de base, tant matériels qu’en terme de formation. Il s’agit de permettre de renouveler et élargir notre base militante tout comme l’équipe de déchargé-es. Cela correspond à deux objectifs : l’un politique, l’autre pragmatique. En effet, nous considérons que le syndicalisme n’est pas l’affaire de spécialistes mais est la propriété des adhérent-es du syndicat et nous avons besoin du plus grand nombre de camarades pour mener à bien nos ambitieux objectifs tout en évitant d’épuiser certain-es et de créer des super-militant-es.

• Les luttes en dehors du monde du travail

Des luttes continuent parallèlement à celles du monde du travail : migrant-e-s, logement, précarité, violences policières et répressions, restructuration urbaine, antifascisme, droits des femmes et des LGBTQI, Bure, ... Ces luttes s’organisent à travers des collectifs ou des assemblées, en dehors des structures traditionnelles qui peinent aujourd’hui à mobiliser (DAL, AC !, front social, collectif stop Bure, GCO, …).
SUD éducation doit travailler à la convergence de ces luttes aujourd’hui éparses pour construire un rapport de force à la hauteur des enjeux et espérer gagner.
SUD éducation doit contribuer également à construire et à développer les liens dans l’interprofessionnel par le biais de notre union locale solidaires. Cela passe par la participation à son développement et aux actions mises en œuvre.
SUD éducation fait partie des 20 syndicats, et à ce titre participe aux décisions démocratiques, (à raison d’une voix par structure) mais ne saurait avoir a priori une position prédominante.

SUD éducation peut et doit être une force de proposition :
• en participant aux réunions mensuelles du conseil de solidaires, avec autant de personnes que possible
• en impliquant ses militant-e-s dans la construction de ces luttes 
• en les relayant et soutenant leur existence,
• en les alimentant de nos points de vue et analyses,
• en aidant à la diffusion et à la production du matériel spécifique,
• en y consacrant des moyens de formation (stage, ...) 


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