On achève bien les services publics : Le cas du service public d’orientation !

jeudi 22 novembre 2018
par  sudeducationalsace
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Malgré la mobilisation de l’ensemble de l’éducation nationale, des personnels des CIO, des usagers et des parents d’élèves, le gouvernement persiste et signe en démantelant l’ONISEP et en s’attaquant de plein fouet au service public d’orientation.
Ainsi, SUD éducation Alsace a pris connaissance d’une lettre de mission adressée conjointement à Mme MONS Nathalie, présidente du CNESCO (Conseil national d’évaluation du système scolaire), et à M. Pascal CHARVET, IGN, ancien directeur de l’ONISEP, pour trouver les solutions pour ce funeste projet.

Comble de l’ironie : Blanquer utilise le CNESCO quand il en a besoin, alors qu’il vient de lui couper les vivres, il se sert aussi d’un ancien directeur de l’ONISEP dont la mission est désormais de détruire un service au sein duquel il a travaillé.
Toutes les craintes que nous n’avons cessé d’exprimer sont là confirmées, et nous pouvons nous attendre à des annonces dès la fin du premier trimestre 2019... si ces deux hauts fonctionnaires appliquent la lettre de mission...

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Lettre de mission de JM Blanquer

Une seule solution : la région ?

Dès les premières lignes de cette lettre de mission, on est fixé.
La conception de l’école et de l’orientation est centrée sur l’insertion professionnelle et non sur la dimension éducatrice et émancipatrice de l’éducation :

Le président de la République s’est engagé à faire de l’insertion professionnelle mais aussi sociale des jeunes un atout majeur. Cela suppose une politique de l’orientation efficace, non seulement pour la formation initiale, mais aussi pour la formation tout au long de la vie.

Tout est dit dans cette lettre de mission : fusion, mutualisation des services, régionalisation de l’orientation, destruction des CIO, démantèlement de ONISEP, rôle accru de la numérisation.

On confirme ainsi le rôle central des régions en matière d’information sur les filières et les formations, on demande ici des « modalités de collaboration » entre la région et l’éducation nationale... nul doute de qui dominera dans cette affaire !

Pour l’heure, la région Alsace est encore prudente, mais d’ici peu de temps, les entreprises, les lobbys vont pouvoir pénétrer directement dans les classes sans prendre les précautions habituelles !

On voit réapparaître une vieille lune, à savoir la mutualisation des structures pratiquant l’orientation, entre les services de l’emploi, les missions locales et l’éducation. Sans doute une cohérence, car dans le même temps on assiste à des suppressions de postes à Pôle emploi et à une volonté de fondre les missions locales dans ces même Pôles emploi. Ces réorganisations n’auraient-elle pas une fois de plus pour finalité économique de faire des économies ?

On fait comme si l’orientation et la construction d’un projet avec des jeunes lycéen.ne.s ou collégien.ne.s s’apparentait à une recherche d’emploi.

Orientation partout... PsyEN nulle part !

Après le démantèlement, le gouvernement a sans doute dans son viseur les missions des personnels :

  • le dévoiement des missions de l’ONISEP : la loi « l’égalité professionnelle » a consacré sa bipartition et a donc affaibli l’éditeur public dans ses missions d’information en déconnectant les directions générales du service central. Affaibli donc, mais chargé d’une mission supplémentaire : la formation des acteurs de l’orientation...
  • pour les PSYEN conseil en orientation, il est question de les rapprocher des établissements, et particulièrement des lycées, dans le cadre des 54 heures d’information ; dans le même temps, les professeurs principaux voient leur charge de travail accrue (circulaire des missions des professeurs principaux, deux professeurs principaux en classe terminale pour l’accompagnement à l’orientation, dans le cadre de la loi ORE et de parcours sup qui a instauré la sélection à tous les niveaux de l’enseignement supérieur).
  • les CIO disparaissant, c’est le collectif de travail des PSYEN qui disparaît... et avec lui le travail d’équipe si nécessaire et si cher aux collègues.
  • les directeurs.trices de CIO vont perdre leur poste et être sans doute affectés ailleurs (région ou rectorat ?).

Parallèlement, et puisque c’est dans l’air du temps, une réflexion sera menée sur le rôle accru du numérique... histoire de faire croire que l’on peut remplacer les personnels par des ordinateurs.

SUD éducation Alsace s’oppose à cette nouvelle conception de l’éducation et de l’orientation et sera vigilante sur toutes les tentatives de détournement de missions des PsyEN, des disparitions de CIO et du démantèlement de l’ONISEP.

Cette question est cruciale, elle concerne tous les acteurs de l’éducation ainsi que les élèves, les parents d’élèves et les publics fragiles dont s’occupaient les CIO.

SUD éducation Alsace s’adressera aux syndicats de l’éducation de notre académie pour œuvrer collectivement contre ces transformations annoncées.


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