Antifascisme : la menace plane sur le Patio

Communiqué de SUD Éducation Alsace le 27 avril 2017
jeudi 27 avril 2017
par  sudeducationalsace
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Dans un message daté du mardi 25 avril et diffusé largement aux personnels du bâtiment Le Patio sur le campus de l’Esplanade, la direction de l’Université de Strasbourg met en garde, via la DALI, les personnels de l’université contre le grand danger que représenterait une réunion de « manifestants » dans ce bâtiment le mercredi 26 avril.

Ce message, lisible ci dessous, a le mérite d’accumuler tous les ressorts de la mauvaise foi pour instaurer un climat de peur et justifier l’atteinte au droit de réunion des personnels et usagers de l’université, pourtant garanti dans le code de l’éducation (article L811-1).

Bonjour,

Des manifestants sont susceptibles de vouloir se réunir au Patio, à l’appel de mouvements « antifascistes » pour manifester contre les résultats du premier tour, une tentative a eue lieu ce lundi 24 avril 2017 en fin de journée.
Nous vous informons que peut-être un autre rassemblement aura lieu ce mercredi le 26 avril 2017 à partir de 17H00 au Patio, le plan Vigipirate renforcé étant toujours d’actualité, un dispositif de sécurité sera appliqué à l’entrée principale du bâtiment, à savoir le filtrage des personnes voulant se rendre dans le Patio, si le comportement des manifestants est trop agressif, cela pourra entrainer la fermeture du Patio.
Merci de diffuser largement cette information.

Restant à votre disposition,

Bien cordialement.

Pour cela, la direction évite soigneusement de mentionner le fait que les dits « manifestants » (et manifestantes) sont des étudiant-e-s et personnels de cette université !

Elle n’hésite pas à mentionner le risque que « le comportement des manifestants [soit] trop agressif »... sans bien sûr mentionner le moindre fait pouvant le laisser penser.

Elle mentionne par contre une « tentative » qui aurait eu lieu lundi 24 avril... sans bien sûr expliquer les faits... afin de nous laisser imaginer toutes les hypothèses les plus angoissantes.

L’utilisation d’un argumentaire mentionnant le « plan Vigipirate renforcé » a, en plus d’entretenir l’angoisse, aussi vocation à légitimer la privation de libertés fondamentales.

Mais qui sont donc ces « manifestants agressifs » anonymes ?

Les auteurs de ce message prennent soin de mettre des guillemets pour les qualifier « d’antifasciste »... comme si cet adjectif suffisait à donner du crédit à cette peur qui régnerait au Patio.

Aucune manifestation ou « tentative » de manifestation n’a eu lieu les 25 et 26 avril. Le 25 avril, seule une réunion de préparation devait avoir lieu au Patio. L’entrée principale du bâtiment a été fermée, « sur consignes de la police » d’après les vigiles de la société privée à qui il est revenu de fermer ce lieu d’études et de travail.

Le 26 avril, c’est une assemblée générale qui devait se tenir au Patio. Là encore, la fermeture de tous les accès par les vigiles de la société privée a empêché un certain nombre d’étudiant.e.s et de personnels d’entrer dans le bâtiment…avant d’essayer d’empêcher celles et ceux qui voulaient rejoindre leur camarades à l’extérieur du bâtiment d’en sortir. L’AG aura finalement pu se tenir à l’Atrium sans aucun incident.

Par ce message inacceptable, l’Université de Strasbourg espère bien porter atteinte aux droits et libertés des étudiants et étudiantes !

La direction de l’Université espère légitimer par avance toutes les mesures répressives et violentes qu’elle pourrait prendre contre ceux et celles qui souhaitent utiliser leurs droits et leur liberté d’expression au sein de cette université, comme elle l’avait déjà fait le 17 mars 2016 en faisant matraquer des étudiant-e-s et syndicalistes qui souhaitaient tenir une assemblée générale.

De plus, l’université de Strasbourg se montre particulièrement indigne de son engagement passé dans la Résistance, une époque où des centaines d’universitaires n’avaient pas eu peur de choisir entre fascisme et antifascisme.

SUD Éducation Alsace exige que les droits et libertés de réunion et d’expression soient garantis à tous les usagers et personnels de l’Université de Strasbourg et soutient les initiatives qui sont prises pour engager une réflexion et une mobilisation face aux dangers que représente la progression des idées de l’extrême droite.

« Jean Cavailles, c’est la logique de la résistance vécue jusqu’à la mort », Georges Canguilhem, phrase écrite sur le fronton du Patio.


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