Livret scolaire numérique : un nouveau casier scolaire au service du patronat !

Communiqué de la fédération SUD éducation du 9 novembre 2015
mardi 10 novembre 2015
par  sudeducationalsace
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A la suite des changements de programmes pour l’école primaire et le collège, le ministère a décidé d’engager une nouvelle réforme de l’évaluation en mettant en œuvre un livret scolaire numérique pour les cycles 2, 3 et 4.

Simplification, uniformisation des apprentissages

La mise en œuvre de ce livret scolaire correspond, d’après le ministère, à une nécessité de simplifier les outils de suivi des élèves en les uniformisant sur l’ensemble du territoire pour les rendre plus lisibles et accessibles aux familles, qui pourront enfin comprendre ce que font leurs enfants à l’école et ce sur quoi ils sont évalués.

Pour SUD éducation, ce livret scolaire numérique dépasse largement le cadre d’une nécessité de simplification et d’uniformisation des outils d’évaluation.

Le nombre toujours important des items à évaluer renvoie à une vision morcelée des apprentissages qui ne permet en rien d’aider les élèves à progresser. Au contraire, ceci abolit toutes tentatives de leur donner du sens.

Constitution d’un casier scolaire

Ce livret s’inscrit donc dans la même logique que le LPC (Livret Personnel de Compétences) mais en bien pire, puisqu’il intègre dans une même application : le livret de compétences du socle commun et les bulletins périodiques des élèves avec également des éléments de suivi des élèves en difficulté (PAP, PPRE, suivi RASED ou à besoins particuliers (ULIS, UPE2A …).

Il n’a rien d’un « outil pédagogique au service du suivi personnalisé des élèves », mais participe de la constitution d’un véritable casier scolaire, au service de la normalisation et du profilage des élèves, chère à cette société néolibérale, pour qui seul ce qui est quantifiable et mesurable compte.

Fichage et flicage

Le ministère affirme que les données regroupées dans cette application numérique pourront être accessibles aux familles.

SUD éducation affirme qu’elles pourront être prioritairement diffusées, partagées et utilisées.

C’est pourquoi SUD éducation considère que ce livret scolaire n’est ni plus ni moins qu’un nouvel instrument de fichage et de flicage ET pour les élèves ET pour les enseignant-es, avec de surcroît une absence totale de garanties quant à la maîtrise de l’utilisation par les usager-es de ces données.

Dans certains départements pilotes, les équipes des écoles qui veulent faire une demande d’aide pour les élèves en difficulté sont priées de remplir des fiches numériques non-anonymées, adressées ensuite à l’inspection... alors que ce type de demandes nominatives est illégal.

Autre illustration : le projet de loi sur les « Droits des étrangers en France » prévoit d’instaurer un dispositif de contrôle permettant aux préfectures, dans le cadre de l’examen des demandes de titre de séjour, d’accéder aux informations détenues par les établissements scolaires.

Il y a largement de quoi être inquiet-e des utilisations qui pourront être faites de cette application puisque les données inscrites dans ce fichier pourront être extraites, croisées, alimentées, lues et exploitées par différents utilisateurs, en premier lieu grâce au RNIE (Répertoire national des identifiants élèves), dans lequel figurent des données personnelles sur l’enfant et sa famille.

Une surcharge de travail pour les enseignant-es

En ce qui concerne les enseignant-es, le renseignement de ce livret scolaire numérique va non seulement accroître leur surcharge de travail, mais aussi permettre un contrôle supplémentaire de leurs activités à chaque utilisation de cette application, comme c’est déjà le cas pour l’utilisation des ENT (Espace numérique de travail) dans le secondaire.

Un instrument de tri social pour filtrer les élèves

Ce livret scolaire numérique n’est finalement qu’un instrument de tri et de contrôle social pour orienter et filtrer les élèves afin de leur attribuer une place dans la hiérarchie sociale tout en justifiant les inégalités.

Son but ultime n’est pas de prévoir une quelconque émancipation individuelle et collective, mais plutôt l’isolement et la stigmatisation d’un individu aux titres de ces résultats scolaires.

C’est pour nous totalement inacceptable et parfaitement révélateur d’une volonté d’instrumentaliser l’école pour formater les élèves selon des critères d’employabilité et de traçabilité définis par le patronat.

Pratiques pédagogiques alternatives contre injonctions institutionnelles normatives

Nous considérons que la question de l’évaluation des élèves ne peut pas relever d’injonctions institutionnelles normatives. Les évaluations et leurs rendus doivent être des outils construits par les enseignant-es dans le cadre de leurs pratiques pédagogiques pour faire progresser les élèves à leurs rythmes en s’appuyant sur les acquis et les recherches des pédagogies alternatives.

À l’opposé des orientations proposées par la refondation de l’école qui servent toujours les mêmes intérêts, SUD éducation revendique une école égalitaire et émancipatrice qui s’inscrit dans un projet de société solidaire, démocratique, débarrassée des inégalités.

C’est pourquoi SUD éducation agit pour que se construise un rapport de force afin d’imposer une autre école, dans une autre société.

Fédération SUD Education


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