Audit des Lycées professionnels : attention à la casse !

jeudi 15 février 2007
par  sudeducationalsace
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HARO SUR LES LP

Dans un contexte où le gouvernement estime que l’école doit devenir rentable et où la « modernisation de l’Education Nationale » devient le maître mot, un audit de l’enseignement professionnel, effectué en décembre 2006, préconise tout un carcan de mesures qui, certes vont permettre de réaliser de substantielles économies, mais détériorent singulièrement les conditions de travail des enseignant-e-s et des élèves.

Selon cet audit, les faiblesses de l’enseignement professionnel proviendraient de sa trop grande « rigidité » (Non mais, psycho-rigide toi-même !). Prenant modèle, entre autres, sur l’Angleterre, il met donc fortement l’accent sur l’autonomie des établissements et la volonté d’une offre de formation répondant aux besoins des jeunes (comprenez : extension des lycées des métiers et formations limitées aux besoins des entreprises locales). « Optimiser les capacités d’accueil et le taux de remplissage » est aussi un thème récurrent, cette optimisation optimiste se traduisant par la suppression des dédoublements, des redoublements et la limitation au maximum des demi-groupes. Quand dans le tertiaire certains établissements entassent déjà 32 élèves par classe, élèves, rappelons-le, qui sont pour beaucoup en échec scolaire, on imagine avec bonheur les conséquences de cette mesure si elle vient à être appliquée.

Rentabilité toujours et gestion « plus souple » pourquoi payer deux profs quand on peut en utiliser un seul ? Donc oui à l’élargissement des disciplines de recrutement, à la bivalence, (non, malgré nos deux matières, nous sommes toujours considéré-e-s comme monovalent-e-s), aux concours communs CAPET /CAPLP, voire, pourquoi payer, même mal, un-e prof quand on peut embaucher des précaires (contractuels) pour « fluidifier la gestion des remplacements » ?

Le prof est une matière malléable et extensible. Après nous avoir assoupli-e-s, fluidifié-e-s, cet audit prévoit également de nous redéployer en annualisant notre temps de travail et en améliorant « l’utilisation de notre potentiel tout au long de la semaine et tout au long de l’année » (comprenez : flexibilité totale, allongement du temps de présence dans l’établissement, et sur le temps ainsi gagné, pourquoi ne pas aider les élèves à chercher des contrats d’apprentissage, comme cet audit le suggère sans ironie aucune.).

Il est clair que ces mesures sont inacceptables. Et ce n’est pas seulement en ayant fait grève le 08 février que nous réussirons à contrecarrer cette politique suicidaire de l’enseignement qui touche tous les degrés et vise à détruire l’éducation. A une période où les couches les plus défavorisées de la société sont stigmatisées, fichées et contrôlées, c’est bien un problème de démocratie qui se pose à travers les attaques massives visant l’éducation. Moins un peuple est instruit, moins il est en capacité de se révolter et plus il crée une main-d’œuvre malléable et flexible. A l’heure de l’Europe, c’est un choix de société ! Il est grand temps que nous organisions une mobilisation massive pour ne pas laisser passivement ces mesures se mettre en place.

 Texte extrait du journal de Sud Education 59/62 Nord Pas de Calais.


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