Rentrée scolaire 2007-2008 au Burkina Faso : Le SYNATEB et Les autres syndicats donnent de la voix

dimanche 25 novembre 2007
par  sudeducationalsace
popularité : 1%


Camarades enseignantes et enseignants,

Camarades travailleuses et travailleurs de l’éducation et de la recherche,

Chers élèves et étudiants

Chers parents d’elèves

Partenaires de l’education

La journée mondiale des enseignantes et des enseignants commémorée annuellement sous divers thèmes a été instituée en 1994 par l’UNESCO dans le but de valoriser les mérites de la profession enseignante. Avant cette date, l’UNESCO a formulé deux recommandations dont la première, en 1966 en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la condition du personnel enseignant et la seconde en 1997 sur la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur. Ceci, à l’effet d’engager les gouvernements à prendre des mesures concrètes permettant d’obtenir de meilleures conditions de vie et de travail pour les personnels enseignants. Mais jusqu’à ce jour, le gouvernement burkinabé n’a pas encore ratifié ces deux recommandations.

Cette année, la journée du 5 octobre sera célébrée sous le thème : "Des enseignantes et enseignants de qualité pour une éducation de qualité". Cette célébration constitue une véritable occasion pour nos organisations syndicales pour mettre le pouvoir de la 4e République face à la réalité, qu’il reconnaisse qu’il faut enfin répondre à la crise de la profession enseignante consécutive à la mise en œuvre des réformes éducatives imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international à notre peuple.

En effet, depuis l’adoption des Programmes d’ajustement structurel, les conditions de vie et de travail des enseignants ne font que se dégrader.

• La formation initiale dans les Ecoles nationales des enseignants du primaire (ENEP) qui était de deux ans a été ramenée à un an. Mais dans la réalité, les stagiaires ne bénéficient que d’environ 5 mois de cours théoriques et pratiques. Quant à la formation continue, elle est quasi inexistante tant au primaire qu’au secondaire. Seuls les candidats à la pratique des examens professionnels ont la chance de recevoir la visite d’un encadreur pédagogique.

• De nombreuses salles de classes sont surchargées avec des effectifs de plus de 130 élèves et de nombreux autres sont sous hangars ou sous paillotes surtout au primaire.

• L’université n’est pas mieux lotie, le ratio étudiants/enseignant était d’environ 88 étudiants par enseignant pour l’année 2006-2007. Il était de 174 étudiants pour un enseignant à l’Unité de formation et de rechercher en Sciences juridiques et politiques ! L’Université de Ouagadougou, conçue pour 10 000 à 15 000 étudiants en a inscrit 35 000 au cours de l’année écoulée et s’apprête à recevoir 10 000 à 12 000 nouveaux bacheliers, ce qui portera les effectifs à près de 45 000 étudiants pour la rentrée 2007-2008. Ces statistiques révèlent non seulement le problème des infrastructures d’accueil, mais aussi les difficultés d’encadrement des étudiants au supérieur et consécutivement le problème de la qualité de la formation à dispenser et de la relève à assurer dans chacune des disciplines d’enseignement.

Et qui plus est, la création d’autres universités pour décongestionner celle de Ouagadougou n’est pas la panacée au mal de la formation au supérieur. En effet, la création de nouvelles universités suit le même schéma de précarité en matière d’infrastructures et de manque criard de ressources humaines qualifiées. Ce sont donc les enseignants de l’Université de Ouagadougou qui sont appelées à appuyer les autres universités dans leurs missions de formation et qui, en raison de leur surcharge, éprouvent bien des difficultés à poursuivre une recherche de qualité. Que l’on sache aussi que les nouvelles universités souffrent surtout du manque de documentation pour la formation !

• A la rentrée scolaire 2006-2007, un déficit de près de 2000 enseignants a été enregistré au secondaire.

• Du statut de fonctionnaire, l’enseignant a été relégué à celui de contractuel dans la loi 13 actuelle portant statut des agents publics sous le prétexte que sa profession ne fait pas parti des domaines de souveraineté de l’Etat. Dans le même temps, le pouvoir de la 4e République sous les injonctions du FMI et de la Banque mondiale se désengage des charges éducatives pour les abandonner entre les mains du privé, des collectivités territoriales et des citoyens que sont les parents d’élèves.

• Des indemnités de logement sont refusées à un bon nombre d’enseignants qui sont sans logement ou qui vivent dans des logements défectueux.

• Les enseignantes et enseignants mis en position de stage sont réduits à la mendicité après la suspension de leurs indemnités et l’absence de bourses de stage.

• Etc.

Malgré les multiples interpellations des syndicats et de certaines organisations de la société civile, le gouvernement refuse de voir ces problèmes et s’engage à fond dans la mise en œuvre de ses réformes néolibérales, antisociales et antitravailleurs.

A cette rentrée scolaire 2007-2008, il s’apprête à mettre en œuvre une réforme de notre système éducatif. Mais la précipitation avec laquelle le processus a été enclenché sans que les principaux acteurs que sont les enseignants n’en connaissent les tenants et les aboutissants invite sérieusement au doute. Les vrais fondements de la réforme résident dans la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel de l’éducation et de la formation imposé par la Banque mondiale et le FMI à notre peuple. En témoigne le renforcement du désengagement progressif de l’Etat des dépenses éducatives et la part royale accordée à l’enseignement privé secondaire et supérieur.

La gratuité de l’enseignement qui avait été affirmée dans l’ancienne Loi d’orientation de l’éducation a connu un grave recul dans la présente avec l’introduction de la notion de gratuité progressive qui ira, selon le chronogramme de mise en œuvre, jusqu’en 2015. La gratuité dans le cadre de cette Loi, c’est le fait de ne pas verser une somme quelconque à titre de frais d’inscription. Cependant, selon les ministres en charge de l’éducation, les cotisations des parents demeurent.

Et c’est justement à ce niveau qu’il y a problème dans la mesure ou ce sont les cotisations des parents d’élèves qui servent effectivement à prendre en charge le fonctionnement, des structures scolaires et administratives, à acheter le matériel d’enseignement, à payer le personnel non enseignant, à régler les factures d’eau et d’électricité, à réparer les tables-bancs, à payer le transport des enseignants affectés pour nécessité de service surtout au primaire, etc. En témoigne une correspondance du président du comité provincial des APE du Kadiogo en date du 25 septembre 2007 invitant les présidents des APE de base à doter en kits pédagogiques les enseignants. Au secondaire de nombreux élèves admis au concours d’entrée en 6e pour cette année scolaire se sont vu affectés dans des établissements privés où ils auront à payer un différentiel de frais de scolarité largement supérieur aux taux pratiqués dans le public.

Où est donc la gratuité de l’éducation ? Dire qu’il n’y aura pas de frais d’inscription et maintenir les cotisations APE qui sont d’ailleurs payées par enfant scolarisé, c’est rendre l’école marchande.

Profitant de la propagande sur la "gratuité de l’éducation", le gouvernement compte prendre de court les enseignants pour leur imposer son nouveau système de notation des agents de la fonction publique, un système inique à double vitesse. Ce système favorise les supérieurs hiérarchiques immédiats qui ont pouvoir de notation. Ceux-ci sont notés seulement sur la base du taux de réalisation de leur programme d’activités. Quant aux autres agents qui n’ont pas de pouvoir de notation, ils sont notés en fonction d’une fiche d’indication des attentes élaborée sur la base du programme d’activités du service et des attributions des agents contenus dans les emplois spécifiques.

Ces agents doivent coûte que coûte réaliser les attentes qui leur sont imposées sans la prise en compte des contraintes de réalisation qui correspondent à nos points de revendication rappelés plus haut. En plus de cela, ils doivent être évalués sur la base de nombreux critères (compétence professionnelle, conscience professionnelle, assiduité, probité, esprit de sacrifice, respect du bien public, respect de la hiérarchie...). Et pire, la qualité d’un bon nombre de ceux qui doivent apprécier prête à équivoque dans la mesure où ils n’ont pas été nommés sur la base du mérite et beaucoup d’entre eux dans l’exercice de leur fonction se comportent en prédateurs du système éducatif.

Sur cette base, nos organisations peuvent-elles accepter un tel système d’évaluation ?

Camarades enseignantes et enseignants, travailleuses et travailleurs de l’éducation et de la recherche,

En marge du lancement de la "gratuité des manuels" au primaire, le lundi 27 août 2007 à Fada N’Gourma, accordant une interview à la RTB, le Premier ministre Tertus Zongo a appelé publiquement les parents d’élèves a prendre leur responsabilité vis-à-vis de l’école et à mettre la pression sur les enseignants afin qu’ils fassent correctement leur travail. Ces propos qui ont naturellement indigné plus d’un Burkinabé montrent à quel point le pouvoir de la 4e République a du mépris pour les enseignants. Assurément, Monsieur le Premier ministre et son gouvernement veulent rejeter la crise actuelle du système éducatif sur le dos des enseignants.

Nos organisations syndicales tiennent à rappeler au gouvernement qu’il doit assumer ses responsabilités dans la gestion du système éducatif afin de trouver une issue heureuse à la crise que traverse l’école et la fonction enseignante. Il devra également ratifier les deux recommandations de l’UNESCO et de l’OIT qui, à nos yeux, prennent en compte une bonne partie des réponses à nos revendications relatives à la qualité de l’enseignement.

Nous tenons à rendre un hommage mérité à l’UNESCO, à l’OIT et à l’Internationale de l’Education pour leurs prises de position dans la quête de meilleures conditions de vie et de travail pour des enseignants de qualité afin d’obtenir une éducation de qualité.

Camarades enseignantes et enseignants, travailleuses et travailleurs de l’éducation et de la recherche,

Les secrétaires généraux des syndicats de l’éducation et de la recherche tiennent à vous féliciter pour votre grande mobilisation ayant contribué à la réussite des luttes unitaires engagées par le mouvement syndical Burkinabè contre la vie chère et les injustices sociales au Faso. Les quelques augmentations de salaire et de baisse du prix du carburant à la pompe que nous avons enregistrées ont achevé de convaincre ceux qui en doute encore que seule la lutte paie.

Excellente journée à toutes et à tous.

Tous unis et déterminés, la victoire est certaine. La lutte continue !

Ouagadougou, le 28 septembre 2007

Ont signé :

SNEA-B : Jean Kafando, Secrétaire Général

SNESS : Henri Prosper Paré, Secrétaire Général

SYNADES : Magloire Somé, Secrétaire Général

SYNTER : Mamadou Barro, Secrétaire Général

SATEB : Bonaventure Séguéda, Secrétaire Général

SPESS : Harouna Lankoandé, Secrétaire Général

SYNATEB : Tahirou Traoré, Secrétaire Général

SYNTAS :Sansan Victor Hien,Secrétaire Général

SYNAPAGER : Apollinaire Kaboré, Secrétaire Général

FESEB : Soumaïla Lingani, Secrétaire Général

Extrait du site de la fédération des syndicats Sud Education

http://sudeducation.org/article2250.html


Commentaires

Publications

Derniers articles publiés

Sites favoris


4 sites référencés dans ce secteur